Fondée en 872 par Gausmar, cette abbaye puissante va assez rapidement décliner et elle s'affiliera à l'abbaye de Cluny qui ne cesse de croître. Charlieu va cependant jouer un rôle important au Haut Moyen Âge, en restant le centre de culture et de civilisation, en créant des prieurés, comme à Thizy, et en protégeant les derniers gallo-romains, les colons et les défricheurs. Les sires de Beaujeu vont appeler les moines de Charlieu à Cours où ils ont droit de collation (ils nomment à la cure et perçoivent la dîme).
Les seigneurs de Cours (seigneurs d'Estieugues) dépendent des sires de Beaujeu par la châtellenie de Thizy, où résidaient leurs représentants. Ces seigneurs locaux n'ont guère de pouvoir. Ils en prennent davantage à partir du XVIe siècle, quand ils peuvent acheter le droit de haute justice sur leurs terres.
Ce territoire finalement assez peu convoité va passer de mains en mains lorsque la lignée des Beaujeu s'éteint, au XVIe siècle. Il reviendra finalement à la famille Vauban qui le conservera jusqu'à la Révolution.
La vie à Thel pendant tout l'Ancien Régime sera celle de tous les villages de la région. Le climat rude, une terre assez pauvre et un relief accidenté rendent la culture difficile et les profits restent maigres. Les exploitations sont petites, l'élevage est assez peu développé à l'origine et si les cultures sont aujourd'hui rares, la terre étant surtout occupée par des plantations de douglas, essence introduite au XIXe siècle, il n'en a pas toujours été ainsi et jusqu'à la dernière guerre, les cultures et les prés dominaient dans toute cette contrée.
Le village ne sortira de l'anonymat que pendant la seconde guerre mondiale, lorsque le maquis de Chauffailles viendra s'installer sur les hauteurs de la Chèvrelus. Infiltré et dénoncé, il est encerclé par les Allemands la nuit du 2 au 3 mai 1944. Malgré l'infériorité numérique, une partie des hommes arrive à s'échapper, mais 13 sont morts au cours du combat et 6 fusillés un peu plus loin. Cet épisode sanglant est commémoré tous les ans.
La paroisse de Thel ne doit donc probablement naître qu'au cours du Xe siècle au plus tôt, comme beaucoup de paroisses de la région, et la première mention qui en est faite date de 1284.
La légende dit que saint Pierre, passant dans la région, découvrit Thel, qui ne portait pas encore de nom, et fut émerveillé par le site. À la vue de ce magnifique paysage, il se serait écrié : « Tel est le pays, tel il restera ! », et le nom est effectivement resté, tandis que saint Pierre est devenu le patron de la paroisse.
En réalité, le nom vient du latin tilia « tilleul » qui a donné til, tel, tè, teil en ancien français et dans les anciens patois de la région. La dénomination d'un lieu par sa végétation est très courante, comme on le voit à Thel même avec les lieux-dits « Croix du Fou » et le ruisseau de Fay (hêtre), l'Orme, le chemin des Agreles (houx), les Épinays, le Brurel et les Bruyères, les Fouilloux, etc....
Le village a donc longtemps pratiqué la polyculture et l'élevage. La population est passée de 300 habitants au XVIIe siècle à près de 1250 aux alentours de 1850, époque du plein essor de l'industrie textile, pour retrouver le niveau du XVIIe siècle aujourd'hui.
Le paysan, devenu paysan-tisseur au XIXe siècle, a aujourd'hui quasiment disparu, puisqu'il ne reste plus que deux fermes à Thel, mais le tissu industriel reste assez dense et prospère : la filière bois est représentée dans toutes ses activités dans la commune : exploitation de la forêt, bûcheronnage et débardage, transformation en bois de chauffage, sciage, charpente et ébénisterie.
Mais on trouve également une entreprise horticole, des entreprises de maçonnerie, une entreprise de transports et une usine de tissage et de confection, qui conservent à Thel une activité assez importante pour une petite commune.
Ces activités sont en outre soutenues par les commerces locaux (épicerie et café-tabac-presse) et par une école de deux classes accueillant près de 35 élèves.
À l'écart des grandes voies de communication et à 720 mètres d'altitude, entourée de forêts propices aux randonnées, Thel vit des jours paisibles et reste un havre de paix au milieu des montagnes.
Pour plus de détails sur cette sombre période et l'histoire du maquis de Chauffailles, voir le site internet qui lui est consacré : http://www.memorialdethel.org/.