DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL, GREVES, ENGAGEMENTS DANS LE XXe SIECLE
De 1846 à 1876, Cours va se séparer de fractions importantes de son territoire qui vont permettre la création des communes du Cergne, La Ville (pour la totalité) et Pont-Trambouze.
Le développement de l'industrie couverturière réclamant beaucoup de main d'œuvre, c'est toute une population qui migre des alentours pour s'établir à Cours. La cité ouvrière comptera près de 7 000 habitants dans la décade 1880-1890, dont 3 500 ouvriers en usines.
En juillet 1889, une grève dure et parfois violente, succédant à d'autres, porta sur les conditions tarifaires appliquées au tissage mécanique qui s'implantait. Elle rassemblera 2 000 tisseurs durant près de 9 mois, s'inscrivant dans la mémoire collective.
Une ligne de chemin de fer, à fonds privés, indispensable vecteur de la vallée de la Trambouze, sera inaugurée en Septembre 1882. Elle contribuera formidablement au développement économique de Cours pendant plus de 85 ans. Mais la route, devenue prioritaire, sera la raison principale de sa fermeture le 31 janvier 1969.
Dans le premier tiers du XXe siècle, Cours est qualifiée de capitale nationale, voire mondiale, de la fabrication des couvertures. Un généreux slogan, « Cours couvre le monde ... » en illustre le fait. Mais certaines usines, secouées par des grèves à répétition, notamment en 1931, vont commencer à disparaître. Malgré le sursaut économique de l'immédiat après-guerre et les années dites « glorieuses », l'industrie de la couverture s'effondre à partir de 1960, après les pertes successives de toutes les colonies, protectorats et comptoirs que possédait la France outre-mer. Mais des industries nouvelles, notamment la métallerie, ont renoué avec le savoir-faire ancestral de l'industrie coursiaude. Les anciennes entreprises du bâtiment, implantées depuis des décennies, se sont considérablement développées. Elles sont aujourd'hui parmi les plus importantes de la région Rhône-Alpes.
Si le textile associé au para-textile est encore présent à Cours - La Ville, c'est sans conteste grâce à la collaboration d'une main d'œuvre de qualité avec un patronat sérieux et responsable.
LA VILLE
Commençons par une question : doit-on écrire La Ville ou Laville ?
Dans son "Voyage dans le Haut-Beaujolais", l'abbé Maxime Rimoz de la Rochette (curé de Thizy) fait dire au guide qui l'accompagne lors de sa visite de Cours, vers 1848 : « Notre paroisse renfermait plus de 6.000 habitants, sur un rayon de plus d'une lieue ; on en a retranché deux fractions pour former la paroisse du "Cergne" et celle de "Laville". C'est le village dans lequel on a bâti l'église qui a donné son nom à cette nouvelle paroisse ; on doit donc l'écrire d'un seul mot. »
Cependant, cette orthographe ne résulte sans doute que d'une simple et courante agglutination ; ne serait-ce que par commodité, nous nous conformerons ici à l'usage maintenant bien établi d'adopter une écriture en deux mots.
L'origine toponymique de La Ville provient du mot latin villa, la ferme, qui a ensuite désigné le domaine rural (villa rustica) puis, au Moyen Age, le groupe de fermes, le hameau, l'écart, le petit village.
Contre toute apparence purement phonétique, La Ville est donc "la campagne" dans l'entière acception du terme.
Par une forme d'ironie, Cours et La Ville sont d'ailleurs issus de synonymes. En effet, Cours tient sa racine du bas latin cortis dérivé de cohors, enclos, cour centrale d'exploitation agricole, dont l'évolution en a fait un équivalent de... villa, définissant l'organisation villageoise
.C'est sur son territoire, accroché aux pentes verdoyantes et boisées des contreforts ouest des monts du Beaujolais, que la Trambouze prend sa source, au beau milieu des sapins et frênes de Formont.
Seul cours d'eau un peu important du "pays de Cours", longtemps son débit et l'apport de quelques ruisseaux affluents auront permis d'entraîner de nombreux moulins puis contribué à la naissance de l'industrie textile qui fera le renom de sa vallée, précédant l'avènement de la machine à vapeur et de l'électricité.
Son territoire fut le siège d'occupations néolithiques, celtiques, romaines et un lieu de passages de barbares ou autres pillards de la vieille Gaule. La civilisation est venue avec la souveraineté des sires de Beaujeu et l'influence du prieuré clunisien de Charlieu, soit la féodalité et l'Église régulière.
En réalité, l'histoire de La Ville est somme toute assez ordinaire et se confond étroitement avec celle de Cours jusqu'au XIXème siècle et à son affranchissement.
Des exemples patents d'une lointaine et forte imbrication demeurent :
Le parler, les habitudes de vie sont très sensiblement identiques.
En désignant La Ville, nos anciens précisaient en patois "Lavelle, lavelle de queu" c'est-à-dire "de Cours" au sens possessif.
De plus, le lieu-dit "La Cime de Cours" est situé sur les hauteurs de... La Ville.
Une église est édifiée au bourg en 1824-1825 et bénite le 16 août 1825. La paroisse "Notre-Dame de l'Immaculée Conception de La Ville", rassemblant 904 fidèles, est officiellement reconnue près de trois ans plus tard par une ordonnance de Charles X, le 13 avril 1828. Sous leur forme actuelle, le clocher sera reconstruit en 1836 et tout le reste de l'édifice agrandi et rénové entre 1857 et 1861.
Forte de ses 976 paroissiens et d'une démographie croissante, La Ville revendique son indépendance en 1840, pense l'obtenir en 1853 mais doit patienter jusqu'à la promulgation de la loi du 17 mai 1865, qui lui accorde l'autonomie en ôtant à Cours 1.200 résidents, 613 hectares et son point culminant, le Crêt de Formont, 855 mètres
Son premier corps municipal est installé le 13 août 1865, il est composé de douze membres élus. Nommés par arrêté préfectoral du 28 août 1865, le premier maire, Benoît Fusy et son adjoint, Jean Buffard, sont installés à leur tour le 8 octobre 1865.
Les registres d'état civil sont mis en service le 1er janvier 1866.
Le groupe scolaire flambant neuf ouvre ses portes en janvier 1888.
Sur un total de 1.190, au recensement de 1866, 442 habitants vivent directement de l'agriculture. Le recours aux activités complémentaires voire de substitution est néanmoins déjà considérable, puisque 682 vivent réellement de l'industrie, dont 611 pour le seul secteur textile.4
Les Lilipanpans restent au-dessus du millier jusqu'à 1900. Au début du XXe siècle, on dénombre encore huit entreprises artisanales et vingt-deux commerces.
Dans la tourmente de la Première Guerre mondiale, trente-six de ses enfants meurent pour la France.
Sur fond d'exode rural, la population connaît une régression constante au cours des cent dernières années, passant de 840 en 1906 à son étiage historique de 393 entre 1999 et 2003.
En 1972, l'état des finances communales est devenu à ce point préoccupant, qu'un rapprochement administratif et budgétaire avec Cours paraît nécessaire, pour ne pas dire indispensable et s'engage progressivement.
Ainsi, les actes d'état civil sont enregistrés à Cours à compter du 1er janvier 1973.
Un arrêté préfectoral en date du 26 février 1974 prononce l'association de Cours et de La Ville.
Considérée comme une suite logique à cette situation, la fusion simple entre les deux ex-communes est approuvée le 28 novembre 2004 par une majorité d'électeurs lilipanpans lors d'un référendum et prend effet au 1er janvier 2005.
Grâce à son attractivité résidentielle, une stabilisation aux environs de 400 à 450 habitants est apparue ces dernières décennies. Ils étaient 444 en janvier 2011, compris dans les 3.995 de Cours La Ville.
L'agriculture ne repose plus que sur quatre exploitations, trois sont exclusivement consacrées à l'élevage, l'autre à la production horticole.
On compte encore dix commerçants et artisans. Enfin, une entreprise d'effilochage et nappage rappelle, seule, le passé textile du village.
Si, naguère, la bourgade avait su et pu remarquablement s'émanciper, c'est en toute lucidité qu'elle est retournée dans le giron coursiaud.
Tout au plus, y aura-t-il eu souci de distinction, jamais d'antagonisme.
Une période de cent quarante ans s'est achevée. Elle peut ne paraître qu'une parenthèse au regard de l'histoire mais vaut bien davantage dans la mémoire locale.
Au moins, La Ville aura-t-elle gardé l'essentiel de son charme naturel et mérité de hisser son nom au côté de celui de la cité mère.
Au commencement, il y eut Cours. Hier, il y eut Cours et La Ville, de part et d'autre. Ensuite, il y a Cours La Ville, premièrement associés et puis fusionnés... Et aujourd'hui, Cours est revenu.